LE TOMBEAU DE JACQUES MOLAI, O U LE SECRET DES CONSPIRATEURS, A CEUX QUI VEULENT TOUT SAVOIR. ŒUVRE POSTHUME A C. L. C. G. D. L. S. D. M. B. C, D. V. Ni l’or , ni les honneurs ne payeroient mon silence. A P A R I S, Chez les Marchands de NouvEAüxis, Vnn 4^, de Cère française» ( 3 ) LE tOMBEAU P E JACQUES MO LAI, O U LE SECRET DES CONSPIRATEURS, A CEUX QUI VEULENT TOUT SAVOIR. L’observateur philosophe , qui , -sans appar-- tenir à aucun parti , étudie dans le silence du cabinet ; celui qui tient la plume de l’hisloire , et qui s’est chargé de la pénible fonction de trans- mettre à la postérité les annales de nos vertus et de nos crimes ; pourront ils se rendre compte de la cause de toutes les fluctuations , de tous les événemens bizarres , étonnans ou atroces qui se succèdent avec tant de rapidité , et dont le pai- sible ami de l’ordre est le jouet depuis sept ans ? Non , sans doute, un voile impénétrable doit peut-être couvrir les ressorts compliqués de nos révolutions. Aa ( 4 ) On reconnoît bien dans les vainqueurs de Gemmappe et de Fleurus , les mêmes Français qui triomphèrent sous Créqui , Turenne et Câ- linât. Ce peuple qui, plein d’une aveugle rage, massacre des prisonniers sans défense , qui in- sulte avec fureur les meilleurs citoyens conduits à réchafaud ; qui , burlesquement féroce , se con- sole par des chansons ^ des maux les plus cruels , est bien ce piêJne peuple qui dévora les restes sanglans du maréchal d’Ancre ; ce même peuple qui, le lendemain de la Saint-Barthélemy, chan- toit dans Paris, passio Domini nostri Gaspardi Colïgni secundum Bartholomeum, Mais , inca- pable de juger ce qu’il fait, quelle est la main qui le dirige^ ? J’ai lu l’histoire des proscriptions ; celles des Juifs , des Chrétiens , des Mithridate, de Marins, de Sylla , des Triumvirs , les boucheries de lliéo- dose et de Théodora , les fureurs des Croisés et de l’Inquisition , les supplices des Templiers , rhistoire des massacres de Sicile , de Merindoî , de la Saint-Barthélemy ; ceux d’Irlande , du Pié- mont, des Cévennes, du Nouveau-Monde. J’ai frémi en comptant vingt-trois millions cent quatre-vingt mille hommes froidement égorgés, POUR DES OPINIONS 1 Mais je n’ai vu , dans cha- cun de ces attentats, qu’une seule cause, et nos ( n malheurs semblent produits par toutes celles qui , dans les siècles de barbarie, ont fait verser le sang des hommes. Interrogez séparément un historien ^ un cal- culateur, un philosophe, un politique; deman- dez-leur quel est le démon dévastateur qui dé- chire la France , qui épuise la population , qui corrompt la morale, qui bouleverse les proprié- tés , qui ruine le trésor public ; demandez-leur aussi quel est le génie créateur qui familiarise le peuple avec les idées de la saine philosophie , qui lui enlève les préjugés, et lui fait adopter de sages institutions ; demandez-leur qu’ils débrouillent ce chaos , ce mélange étonnant de vertus et de for- faits y de courage et de lâcheté , de génie et de stupidité ; ils vous répondront tous différem- ment. L’un supposant le peuple agissant par même , et toujours pour le bien , attribuera tous les malheurs de la révolution à la faction de V tranger. En voyant les rôles distribués aux suisses Pache Qi Marat y à l’autrichien Frolj , à l’espa gnol Gusrnan^ au prussien Cloot^ , au polonais Lazj>uski 5 à l’italien Buonarotù , au. prince Charles de Hesse, à Miranda, Marchena, Wes- termann, Wimpfen , Kellermann, 'etc. etc. etc, etc ; il tentera de démontrer ccmrnenl la France A3 ( 6) a toujours été la victime de ses ennemis naturels^ Ce système peut acquérir ^-eaucoup de vraisem- blance. L’autre croira tout expliquer , en vous faisant rhistoire des préjugés et des passions humaines. Selon lai ^ l’orgueil de la noblesse, l’avarice des parlemens, le fanatisme des prêtres, l’esprit de corps, l’amour de ja nouveauté , d’ambition , sont les seuls ëlémens de nos troubles. Celui-là s’imaginera, peut-être avec fonde- ment , reconnoître dans les excès populaires , la vengeance des protestans proscrits par la révoca-- tion de l’édit de Nantes, j. Un quatrième , partisan de la fatalité, ne verra d’autre cause motrice que le hasard. S’il est supers- titieux , il vous parlera de la fameuse prophétie qui attira , il y a deux ans , tant de curieux àja bibliothèque, et qui se termine par promettre que Va'igU rapportera en France le rejettoii des lys ; ou bien il vous citera la viûon de Childéric , rapportée dans le Trésor de VHistoire de France (i') Comme ce morceau recherché des fatalistes n’est pas très-connu, on me saura gré de le transcrire ici : le voici. (i) tmprid.ê à Rouen en i65o , chez Antoine Fctrand ; dé- liié à M. de Machanîî, 7 ) «c Bassine la première nuit de ses nopces aveC' le roi Childéric le pria de s’abstenir de copu- » dation charnelle et qu’il eut à se tenir à la porte de son palais. Il y alla et vit en la cour y comme des licornes , léopards et lions. Cela vu , s’en 3^ retourna tout épouvanté en sa chambre , et 33 raconta à la royne , laquelle le pria d’y re- » tourner pour la seconde fois ; ce qu’il fit et vit 33 comme des ours , loups et autres bestes ra- 33 vissantes courant sur les unes les autres. Estant 34. revenu annonça a la royne sa vision , laquelle le 33 pria a grande instance de retourner s lors il lui 33 sembla voir des chiens, des, chats avec autres » petits animaux qui se mordoient et se dechi- roieiît l’un l’autre. Au matin la royne lui ex- 33 pliqua ses visions, disant que de leurs se- » mences sortiroient nobles rois forts et vaillans » comme licornes et lions ; que la seconde lignée » seroit encliné à la rapine comme loups et ours : » et par les chiens et chats qui se battoient étoit signifié que vers la hn de la monarchie ceux 33 qui tiendroient la couronne seroient sans vertu 33 vicieux et avares ; et les petits animaux deno- >3 toient le populaire qui s’entretueroit l’un 3> l’autre 3j. Tout homme sensé lève les épaules en lisant de pareilles puérilités , ou tout au plus il rit de h A 4 y (8) > sage précaution de Bassine , qui attend pour ex- pliquer la vision du roi , qu’il ait complètement rempli son devoir marital ; tout philantrope sou- haitera qu’il n y ait pas plus de réalité dans les ré- vélations suivantes. Je vais parler des Adeptes, des Initiés, des Francs Maçons 5 des Illuminés ; dévoiler leurs terribles mystères, leurs attentats politiques ^ et faire connoitre l’influence qu’ils ont eu dans notre révolution. Citoyens , qui voulez la liberté de tous, con- noissez vos amis intérieurs , vos assassins ; et vous, puissans dépositaires du pouvoir exécutif , si nul de vous n’a juré sur la tombe de Molai , hâtezr vous de délivrer la France , ou tremblez pour vous-même. L’homicide confédération des Adeptes dure depuis six siècles. Ils armèrent Harpocrate d’un poignard, et leur secret fut gardé. Tout est nou- veau dans leur histoire , et Ton me pardonnera de remonter à son origine Ap ès les croisades , des chevaliersse consa- crèrent à la défense du Saint-Sépulchre , et s’é- tablirent 5 en 1 1 1 3 , à Jérusalem , soîjs le nom de Temphersou chevaliers de la Milice du Femplec Le roi Beaticiouin II leur donna une maison située guprès de l’église de Jérusalem, qu’on disoit avoir (P) été autrefois le temple de Salomon. Après la ruine du royaume de Jérusalem, en iï85 , les Tem- pliers se répandirent dans tous les états de TEu- rope, firent de nombreux prosélytes , et s’enri- chirent aux dépens de tous les états. En 1312, ils possédoient en Europe neu/' mille seigneuries* De si grands biens excitèrent l’envie, leur firent beaucoup d’ennemis; eî Philippe-le-Bel, secondé par le pape Clément V, dont ils refusoient de reconnoître l’autorité, résolut de les faire périr. Leur histoire a été faite par M. Dupuis ; mais ce que cet écrivain ne savoit pas , c’est que ces che- valiers 5 qui s’étoient juré entre eux fraternité , étoient convenus entre eux de signes et de paroles pour se reconnoître par toute la terre ; c’est qu’ils, ten oient effectivement des assemblées mysté- rieuses , et que , déguisant leurs intentions sous des cérémonies symboliques , ils formèrent le projet d’usurper la souveraineté de tous les em- pires , comme ils avoient usurpé les plus grands biens de l’Europe. Philippe le-Bel envoya un ordre à tous les offi- ciers du royaume pour les arrêter, et le 13 oc- tobre 1309, ils furent tous saisis en France. Le pape publia des bulles pour engager les puis- sances à imiter Philippe- le-Bel. La Castille, l’Ar- ragon, la Sicile et l’Angleterre obéirent. c îô ) Jacques Moîai , grand-maître de Tordre ^ fut mis à la bastille ( i ) ; du fond de sa prison il créa quatre loges- mères; savoir : pour TOrient , Naples ; pour TOccident , Êdimbourg ; pour le Nord , Stokholm ; et pour le Midi , Paris. Cependant , soixante-neuf chevaliers , aprèf avoir souffert les plus grandes tortures, furent brûlés vifs à la porte Saint-Antoine. Jacques Molai, et Guy Dauphin d'Auvergne, furent jetés dans les flammes le i 3 mars 1314, à la même place où étoit la statue équestre d'Hènri IV. En. montant sur le bûcher^ Molai annonça le jour et Theure où périroient le roi et le pape; Bossuet et Hugues des payens, conviennent que sa pré- diction s’est vérifiée. Il n’est resté de la première institution, que Tordre de Malte. Le lendemain de Texécution de Molai , des Templiers déguisés en vinrent recueillir les cendres du bûcher. Quinze jours après, le nommé Squin de Floriau , chevalier apostat , qui avoit dénoncé Tordre , meurt assassiné. Le Pape le fait enterrer à Avignon , et le béatifie ;- mais les 1 empliers enlèvent son corps de son tom- beau et y déposent les cendres de- Jacques (i) La bastille n’étoit alors qu\me porte de ville flanquée 4c deux tours, ( Il ) Molai. Alors les quatre loges de Francs-Maçonsi créées par le Grand-Maître s’organisent, et tous Ie« membres y prêtent serment D’EXTE^.RMINER TOUS LEâ ROîS ET LA R ACE DES BOUR- BONS ; DE DÉTRUIRE LA PUISSANCE DU PAPE ; DE PRÊCHER LA LIBERTÉ DES PEUPLES ; ET DE FONDER UNS RÉPUBLIQUE UNIVERSELLE. Pour n’admettre à leur vaste projet que des hommes sûrs , i’s inventèrent les loges ordi- naires de maçonnerie , sous le nom de Saint- Jean, de Saint-André. Ce sont celles que l’on connoissoit en France, en Allemagne, en Angle- terre ; sociétés sans secret , dont les singeries ne servent qu’à d mner le change, et à faire connoître aux vrais m.açons les hommes qu’ils peuvent associer à la grande conspiraiion. Ces loges que je pourrois appeler préparatoires , ont un but d’utilité réelle ; elles sont consacrées à la bienfaisance , et elles ont établi entre les dif- férens peuples, des liens de Maternité infiniment estimables ; aussi , vit-on les hommes les plus vertueux rechercher avec empressement de pa- reilles sociétés. Les vrais Tempiiers,ou Jacobins ne tiennent point loge. Leurs assemblées s’ap- pellent Chapitre. Il y a quatre chapitres , un dans chaque' vilie désignée par Jacques Molai , ( 12 ) et composés chacun de vingt-sept membres» Leur mot d’ordre est Jakin Boos Mac-henack \Adouaï 1 3 J4 5 dont les lettres initiales sont celles de Jacohus burgundus Molai beat, anno Do- mini J3 14. Les autres mots sacramentels sont ^ Kadosch , qui signifie régénérateur ; Nekom , qui retranche du nombre des vivans ; Paul Kal Pharaskal^ qui met à mort les profanes. Quand ils s’abordent dans leurs assemblées, ils se prennent les mains comme pour se poignarder. JIs portent , pour se reconnoître , un anneau d’or émaillé de rouge; et dans le cas de danger, ils ont sur la poitrine une croix de Malte de drap écarlate. Lorsqu’ils entrent dans une loge , ils ont seuls le droit de traverser dans le milieu du tapis qui est vis-à-vis le trône. Tous les Francs-Maçons des loges ignorent qui ils sont. Cet esprit de rapine , cette vengeance héré- ditaire , ce fanatisme régicide sont difficiles à concevoir dans des hommes dont rassociation primitive étoit consacrée par la religion. On en trouvera peüt - être l’origine dans leurs liaisons avec h vieux de la Montagne brigand fameux établi entre Damas et Antioche. Il faut se rap- peler qu’après les croisades , la Palestine fut ravagée par un prince de la famille des Arsacides^ i C t3 ) nommé EMssessin (dont les Français, dît Vol- taire, ont composé le mot assassin ). Cet homme étonnant, maître de douze villes autour de Tyr, avoit un vaste palais au milieu des montagnes. C*est là qu’il élevoit un grand nombre de jeunes gens à obéir aveuglément à ses ordres; il les plongeait dans tous les délices de la volupté ; il les ennivroit , les transportoit dans des jardins enchantés, où tous les plaisir leur étoient offerts. Les parfums les plus suaves , les mets les plus exquis, les chants les plus mélodieux, les femmes les plus belles charm oient ces jeunes néophites, et reveilloient à la fois , dans leurs coeurs , les passions les plus impétueuses : alors un sommeil forcé, les livroit au vieux de la Montagne , qui , prenant le ton d’un inspiré , leur disoit que le bonheur qu’ils avoient goûté , étoit celui que reservoît l’Eternel à ceux qui avoient le courage de servir sa juste vengeance contre les princes coupables qui opprimoient la terre. Si la ruse réussissoit , il les armoit d’un poignard , et les envoyo'it assassiner les rois. C’est par eux que périt en 1213 , Louis de Bavière, un des meilleurs princes de son siècle. Les Templiers leur firent long-temps la guerre ; et n’ayant pu les détruire, ils se contentèrent d’en exiger des tributs ; mais eniijy, les Tartares N f 14 ) Montagne y les Chevaliers du Temple réunirent ses possessions à leurs domaines , se mêlèrent avec les disciples d’Ebissessin , et ce fut là sans doute 5 qu’ils puisèrent la nouvelle doctrine qui dirigea depuis les successeurs de Jacohus Molaï. Tleprenons leur histoire. Dans les premiers temps , foibles , craintifs , sans biens , sans puissance , ils ne s’occupèrent qu’à chercher les trésors enfouis par leurs fon- dateurs, dans le commencement des persécutions des Templiers, et dont plusieurs -d entre eux possédoient le secret. Ils en ont recouvré beau- coup ; il en existe encore à leur connoissance, sur-tout dans File de Candie qui , malheureuse- ment pour eux, est dans la puissance des Turcs. Ce fut cependant à l’époque de la formation des loges 5 que parut le célèbre Rieu^î , cet homme prodigieux, qui, né dans la bassesse, s’éleva à la dignité de tribun qu’il fit revivre , prétendit rappeler dans Rome dégradée , les vertus et la valeur de ses premiers habitans , et rendre à cette ancienne capitale du monde , son premier empire. Il eut assez de confiance dans ses forces, pour appeler à son tribunal l’Empereur et le Pape , et assez de crédit pour se rendre redoutable à ces deux puissances. / (15) Les Templiers - Conspirateurs ont pour prin- cipes que tout homme capable de grands coups, de quelque religion, de quelque état qu’il soit, peut être initié; mais qu’il ne faut commettre que des crimes nécessaires , tendant au but de l’institution, et en fomentant des séditions popu- laires. Voilà pourquoi il y a eu des initiés parmi les Turcs comme parmi les Chrétiens , parmi les grands, comme parmi les simples citoyens. Leur règle s’appelle Constitutian. ( i ) On connoîtra leur esprit par leurs œuvres , quand on saura que Mai^aniello , ce terrible Jacobin Sicilien , qui prêcha l’indépendance , chassa le Vice -roi de Naples, et ne .montoit sur son tribunal populaire , qu’entouré de têtes de proscrits , étoit initié^; que Ci'omwel , qui fit périr Charles sur l’échafaud, et rétablit la franc-maçonerie en Angleterre, étoit initié; que les Supérieurs des Jésuites étoient initiés ; les Jésuites qui ont fait assassiner Henri IV et Louis XV , qui ont poignardé le Stathouder Maurice' de Nassau , qui ont empoisonné Henri VII , empereur , dans une hostie saupou- drée par la main sacrilège de Monte-F uiciano ^ ( I ) Le niveau de Vîgalité , le bounet de la liberté' , leg couleurs nationales , une foule de mots nouveaux , consacrés par la révolution, sc trouvent dans les loges maçoaiqucs. ont été convaincus de trente-neuf conspiratîonfl et de vingt-un régicides ( i ). i Mayenne 5 qui fit prêter le serment de la ligue dans la même salle où les Jacobins de Paris s’assembloient^,étoit initié. Ce sont eux qui ont dirigé la révolution de Portugal ^ en 1640; qui la préparèrent pendant trois ans , avec un secret incroyable; qui proscrivirent Philippe IV ; mas- sacrèrent Michel Vasconcellos ( 2 ). On peut se rappeler ce fameux tribunal secret qui 5 présidé par Brockaghïf ^ fit périr sous le poignard tant de seigneurs souverains de PAlle- ,, magne ( 3 ). Brockaghif étoit le chef d*un ■^chapitre. Ce sont ses disciples qui, pour ren- verser rimpératrice de Russie, voulurent fonder la ville et la forteresse de Gerzom , sur la mer ( I ) Arrêt du parlement de Paris, du 6 août 1762 , qui chasse les Jésuites. Les a-t-il tous chassé? Je voudrois l’affir- mer : mais à quelle école nos grands révolutionnaires out-iîî tté élevés ? ( 2 ) Lisez l’histoire des révolutions de Portugal et de conspiration du Brésil. { 3 ) C’est ce tribunal qui a fourni le sujet de la pièce intitulée Rohtrt , Chef des Brigands^ et qu’ori donne au théâtre de la République. L’auteur philantrope de cette pièce trou- veroit sans doute deux sujets intéressans dans l’histoire de Jacques Molai , et dans celle du vieux de la Montagne, Qu’il* seroient bieu reçus par les trente mille amis de Babeuf ! noire , ( 17 ) noîre , et y établir une colonie libre d’initiés. Catherine découvrit le complot, et trois seigneurs de sa cour, qui y avoient trempé, furent décapités. En 1781, les Francs -Maçons de Pétersbourg , divisés en deux partis, prirent les armes, espérant, à la faveur d’une émeute, assassiner l’Impératrice; mais elle prévint la sédition par un édit. Milord Dervent-Waters , Grand - Maître en 1735 , conspira contre l’état, et fut exécuté à Londres. Chaque chapitre a un membre voyageur qui visite les autres chapitres , et établit entr’eux une correspondance. Le fameux comte de Saint- Germain le fut pour Paris ; Caglïostro est celui de Naples , et il ne se mêla de la célèbre af- faire du collier que pour former à la cour un initié qui conspirât contre elle (i). Quoique les loges maçonniques soient fermées en France, le chapitre créé par Jacques Moîai existe toujours, et jamais les Templieis Jaco- (i) Ceux qui prirent quelqii’intërêt à l’affaire du collier , peuvent se rappeler la loge égyptienne établie à Paris par Cagliostro , et la scène plaisante de phantasœagorie préparée pour illuminer le Cardinal de Rohan. Le comte de Saint- Germain et Cagliostro avoient coutume de se dire âgés de plusieurs siècles : c’est qu’ils datoient leur naissance, comme le» initiés , du jour où péritjacqyes Molai , iS mars B ( *8) bïns ne furent plus puissans. « Des Calvinistes , » des hommes de toutes les sectes , des person- 33 nages considérables , d’anciens ministres , des » généraux d’armée , des membres des premiè- » res assemblées conspirent encore : un club » établi à Morat, est le foyer de la conspiration ». Les principaux initiés , qui ont joué un rôle dans la révolution française , sont Mirabeau , Fox y le Duc (T Orléans y Robespierre , Cloot:^ , ' Danton y Dumourie^ y St, Fargeau, Le Grand- Maître actuel est le Dut de Sudermanie y Ré- gent de Suède. C’est par la prise de la bastille que commença la révolution et les initiés la désignèrent aux coups du peuple , parce quelle avoit été la pri- son de Jacohus Molai, Avignon fut le théâtre des plus grandes atrocités , parce qu’il apparte- noit au Pape, et qu’il renfermoit les cendres du grand-maître. Toutes les statues des rois furent abattues ahn de faire disparoître celle d’Henri IV. qui couvroit la place où Jacques Molai fut exé- cuté : c’est dans cette même place et non ailleurs , que les initiés vouloient faire élever un colosse foulant aux pieds des couronnes et des thiares , et ce colosse n’étoit que l’emblême du corps des Templiers. Que de traits je pourrois rappeler ! mais je me borne aux principaux faits. Le roi de Suède étoit l’allié de Louis XVI. ( 19 ) îors de la fuite à Varennes, Gustave vint jus- qu’aux frontières pour le recevoir et le protéger ; mais le duc de Sudermanie fit assassiner son frère par Ankerstrœum, franc-maçons , qui, précé- deiUment condamné pour vol à être pendu, avoit obtenu sa grâce du Roi. Comme tout Templiers peut gouverner ^ mais ne peut pas régner, on a vu aussitôt le duc de Sudermanie faire alliance avec les Jacobins de Paris, enlever aux nobes Suédois beaucoup de leurs privilèges , restraindre les prérogatives du jeune roi dont il est tuteur, et contre les jours duquel on a déjà attenté deux fois. D’un autre côté , le grand-maitre du chapitre de Paris, Philippe d’Orléans, opéroit la chute de Capet et de sa famille. Pour arriver au but marqué par les initiés , il fallpit frapper de grands coups , et les frapper rapidement. Pendant deux ans , les Adeptes tinrent chapitre dans le palais du grand-maître , ensuite dans le village de Passy. C’est là que Silleiy, Valence, Dumou- riez, d’Aiguillon, Clootz , Lepelletier,, Mer..., î’abbé S.... les Lameth , Mirabeau , D. , — C...é le Baron de M.... (i) Robespierre préparoient les plans qu’ils livroient aux conjurés du second (t) Le cachet dont se sert ©rdmairement porte la devise de l’erdrc, B a ( 10 ) ôrdrc; c*étoît Barere, Thu.... Void.. Dantotl, Roe Pétion 3 Marat, Brissot, Clootz. Ta....&c. qui dévoient les soutenir , les développer , les traduire en h^nguo philosophico-r évolutionnaire y et les faire prêcher au peuple par Torgane des Manuel, Gorsas, Carr^, Hébert 3 Collot, Lou... Ché.... &c. L’or de Philippe n’est point épargné ; d’abord les parlemens sont divisés , on parvient ensuite à les détruire. Pour mettre le peuple en action , d’Orléans accapare les blés (i) et les exporte dans les îles de Gersey et Grenesey , tandis que scs coryphées accusent le Gouvernement d’orga- niser la famine. Leurs agens parcourent les cam- pagnes , massacrent les nobles , les riches , les prêtres , incendient les châteaux et ravagent les moissons. Lès propagandistes séduiserrt les trou- pes 3 et se répandent dans l’étranger ; ils y pré- parent l’assassinat de Gustave , les mouvemens de Berlin (2) ; le déchirement de la Pologne (3)3 les (i) Voyez l’histoire de la conspiration de Philippe , 3 vol. Paris 1796. {2) Tous les Journaux du temps s’accordent à dire que c’est dans les loges maçoniques que se prëparoient ces mou- vemens ; l’autorité les arrêta à .emps, (3) Personne n’ignore que Kocsiusko vint prendre ses ins- firucûeas à Paris , et qu’il fréquenta le duc d'Orléans. ( 21 ) dissentîons de la Hollande , l’insurrection des Liégeois , et le soulèvement des Pays-Bas. Après avoir fait les journées des y et 6 octo- bre 5 Philippe se rend lui-même à Londres pour conspirer avec Fx>x , Stanhope , Shéridam ^ les Docteurs Price et Priestley. Les initiés établissent le club des Jacobins , et rappellent le Grand- Maître. Peu après son retour , les journées du 20 juin et du lo août renversent le Trône (i), Philippe avoit épuisé ses coffres , et son ambition le perdit. Après la mort du Roi , il croyoit saisir Içs rênes de l’état ; il eût réussi sans doute , mais les initiés se divisèrent. La perte des Bourbons , jurée par les Templiers , ne lui permettoit de gouverner qu’en perdant son nom ; il crut qu’il suffisoit d’y renoncer ; il renie son Père à la tri- bune des Jacobins ; il proteste à la Commune que sa mère, prostituée, reçut dans son lit un cocher^ et qu’il est le fruit de ces impudiques amours. Il supplie humblement qu’on lui ôte son nom , et il prend celui à'Egalité, Mais Robespierre (i) En mars 1788 , le Roi avoit voulut s’attacher d’Orléant par une double alliance. Il proposoit de marier la fille de Philippe au fils aîné du comte d’Artois , et le duc de Chartres à uue princesse de Naples , mais fidèle au sermcîU parricide , Philippe avoit letltsé, B 3 ( )' avoit déjà un parti , et d’Orléans , méprisé même de ses complices, est sacrifié. Tandis que Clootz , illuminé prussien , et Chaumette renversoient les autels , un Italien , et Cagliostro conspiroient à Rome. Cagliostro fut jeté dans' les cachots du château Saint Ange , et l’autre Templier fut pendu, masqué, et avec cet écriteau : Cest ainsi qu'on punit Us Francs- Maçons* L’Empereur périt bientôt victime des en- nemis jurés des Rois. Léopold ne tarda pas à le suivre; le valet-de-chambre de l’Empereur, soupçonné d’avoir empoisonné son maître et , Léopold, a fait, dans ses interrogatoires , l’aveu de ces deux crimes , et a déclaré en avoir reçu le salaire du duc d’Orléans (i). Depuis quatre ans l’Irlande s’agite et menace de se soulever : elle possède un chapitre de Templiers. Les chefs sont à Londres , et déjà Georges assailli quatre fois , a pensé perdre la vie le 13 octobre et le 3 février de cette année. Un journal de pluviôse dernier , nous apprend que les Francs-Maçons ont pris en . Irlande le nom de Defenders ^ et qbè James Feldor yCon- (î) Voyez le Journal des JaccMns à cette époque , article €®rrespoadanee. ( ) damné le 12 décembre è Dublin , comme cou- pable de haute trahison , portoit sur lui Técrit suivant. Demande^ Je suis intéressé ? — Réponse. Et moi aussi. — Z>. Avec qui ? — K. Avec la Con- vention nationale. — D. Quel est votre but ? — R. La liberté — D. Où est votre projet X — R. Sa base est fondée sur le roc. — D. Que vous proposez-vous ? — R. De subjuguer toutes les nations , de détrôner les rois — Où le coq a-t-il chantéj quand tout Funivers Pa entendul — R. En France. — D. Quel est le mot de passe? — R. ELIPHISMATIS. Ces faits tendent à prouver , que si les étrangers, les anti-religionnaires , les anarchistes ont sans cesse troublé la tr anquillité publique , ils n’étoient que les instrumens d’une faction constamment conspiratrice , celle des initiés, qui , parlant tou- jours des grands intérêts du peuple , n’est occupée que des siens. C’est dans cette faction que se confondent les Orléanistes , les Dantonistes, ieî Cirondins, les terroristes, et tous ces noms ventés pour tromper les gens crédules. Les grands troubles politiques se sont opérés près des points de réunion des chapitres des Templiers. C’est en Suède , en Angleterre , en Italie , en France que les trônes sont attaqués, chancellent ou tombent B4 ( H) que la puissance ecclésiastique se détruit , et que les vrais Francs-Maçons, lés Jacobins , ligués sur la tombe de Jacobus Molai^ établissent Tindé- pendance, s’emparent des richesses et du gouver- nement. Les premiers électeurs de Paris (Lavïgne, Moreau de Saïnt-Mérj , Deleutre , Duveyrier , Danton , Dejoly \ Champion , Keralïo , Guillo- tin ( { ) ^etc, etc, ) La première commune de cette ville , les premiers Jacobins , étoient presque tous Francs-Maçons , et à la tête des loges , quoiqu’il n’y eût en France que vingt-sept initiés. On ne sera plus surpris ^ si bientôt on voit tomber sous le glaive le roi d’Angleterre, le roi de Suède, le pape et l’empereur. Il y a donc en Europe une foule de loges ma- çonniques ; mais elles ne signifient rien. Les vrais Maçons Templiers ne sont que cent huit sur la terre ; ce sont eux qui , par vengeance , par am- bition , et par système, ont juré le massacre des rois, et Tindépendance de l’univers. Dans leurs ç^înférences, s’agitent les grandes questions d’état. SfcTun d’eux révèle le secret , il est puni de mort. (ï) Guilloün , à jamais célèbre par sa terrible inventioa me'canique , qu’oa ne doit cependant qu’à ses principes d’hu- jnanité , e'toit vénérable d’une loge. C'est là qu’il fabriqua la fameuse /éOV/on des six corps , qui le fit nommer aux états jé- tiéraux, ( ^5 ) Tout membre a fait à Torcjre le sacrifice de sa vie, et Tordre en dispose souvent, si cela est utile à sesintérêts. Toutes les cérémonies des loges ordinaires, quoique conformes au but de Tassocialion , puis- qu’il n’y est question que de venger la mort d’un certain Hiram , architecte du temple de Salomon^ ne servent qu’à masquer la constitution de l’ordre, et à éprouver ceux qu’on appellera à connoître le grand secret (i) ; car on ne peut se présenter soi- meme au chapitre , quand même on en connoî- troit l’existence. Deux souverains seuls ont su toute la vérité sur la maçonnerie, et ne l’ont pas craint : c’est Fré- déric et Catherine. Le roi de Prusse actuel , qui est grand-maître d’une loge d’illuminés , n’est que la dupe d’une comédie insignifiante , mais il est (i) Une des épreuves sublimes en usage dans les loges , est de poignarder , dans une caverne , l’assassin d’Hiram , d’ap- porter sa tête sur l’autel , et de boire dans un crâne humain. Le récipiendaire a les yeux couverts d’un bandeau ; on lui fait égorger un mouton dont on lui a fait tâter le cœur qui palpite ( l’estomac de l’animal est -rasé. ) Pendant que le réci- piendaire se lave les mains , on substitue à la tête du mouton une tête de cire ensanglantée , que le Franc-Maçon aperçoit quand il a les yeux libres , et qu’on enlève à l’instant , pour lui laisser l’illusion. A la Réception du duc d’Orléans , la tête portoit une ççuronne d'or. . (i6) entouré d’initiés ; et quand leur parti sera plus fort, Guillaume subira le sort du roi de Suède, Le duc de Sudermanie n est pas le seul prince initié. L’oncle de Guillaume est Templier (i). Le prince Potenski, ce fameux ministre de Cathe- rine , son amant , et l’assassin de Pierre III , étoit Templier. On croit que le grand-duc est initié, et que c’est un des motifs qui lui ont fait refuser la couronne à sa majorité. Tel est, en peu de mots, le mystère delà Franc-Maçonnerie , dénié, nié, ignoré, ridiculisé pendant cinq siècles. Cela peut paroître une fable à celui qui ne connoît pas les ressources immenses de cette secte ; mais qu’il soit admis une fois dans une simple loge , et fesprit qui y règne , lui fera juger de* * celui qui doit animer les chefs. Que n’auroient point fait les sectateurs de Mo- lai , si l’horreur de la tyrannie , si le sentiment de la véritable liberté n’avoient amené le 9 ther- midor ! Pendant quelque temps , on crut au règne des lois ; les Jacobins , par-tout démasqués , ca- choient dans l’ombre la honte et le mépris , dont (t).G’est sous S£S auspices que les meneurs voulurent, ca *7g2, envoyer à Berlin le G. L. . . . . d d’Av. . , . , auteur dramatique , pour organiser une révolution qui mît Henri à la tête du Gouvernement. L’auteur , qui n’êtoit point Tem- plier , et qui eraignoit d’être pendu , refusa ttès-sagement» ( 27 ) ils étoîent, couverts ; mais ils ourdissoient d« nouvelles trames ; ils aiguisoient de nouveaux poignards. L’indignation générale repoussoir dans les départe mens les criminels proconsuls gorgés d’or et du sang des peuples ; ils se virent au mo- ment de perdre le pouvoir que Festime et la con- fiance publique ne réser voient qu’aux législateurs laborieux, ils sentirent qu’ils rendroient compte de leur conduite , s’ils ne parvenaient, à quelque prix que ce fût ^ à conserver l’autorité qu’ils avoient usurpée, à rendre à leurs affidés le cré- dit perdu, à venger la mortde Robespierre.,,.. ! 1 ! Une nouvelle révolution fut décidée. Que le vul- gaire inconstant et crédule s’imagine que les jour- nées de Vendémiaire sont le fruit des seuls efforts du royalisme , qui , libre de se prononcer dans les assemblées primaires , n^a pas compté plus de cent votans pour lui , qu’il croye que vingt- quatre sections de Paris , qui n’avoient ni armes 9 ni munitions , ni vivres, ni finances , ni centre de réunion , ont conspiré sous'ies bâyonnettes de cinquante mille étrangers; qu’il croye que ceux qui réclamoient hautement l’exercice entier des droits du peuple sont les ennemis de la liberté!... ce n’est pas pour lui que j’écris ; il ne pourroit m’entendre ; mais vous ne vous laisserez pas ( ) tromper, vous qui savez juger la conduite des hommes par Tintérét qu’ils ont à agir ; vous qui savez que le moyen d’augmenter sa puissance est de se rendre nécessaire , en créant des dan- gers imaginaires, et que le secret de cacher des crimes est d’en accuser ceux qu’on veut immoler: vous vous rappellerez toutes ces lois révolution- naires rendues après l’acceptation de la constitu.» tion , les émissaires envoyés dans les départemens , les courriers retardés, les journaux intercéptés par le gouvernement , le secret des lettres violé : vous vous rappellerez de quelle étrange manière on a rendu compte du vote des départemens , et ce système de calomnie exercé contre les sec- tions de Paris , avant même qu’elles fussent ou- vertes ; vous les verrez entourées , pressées , me- nacées par une armée formidable , tandis que les égorgeurs de Septembre , les assassins de 93 * armés par les comités , se plaçoient insolemment entre le peuple et la représentation nationale , piêtS; à frapper l’un ou l’autre , suivant les cir- constances, et vous ne larderez pas à çonnoître les véritables conspirateurs. Si le tableau de ces temps malheureux ne suffit pas pour vous éclairer , vous jeteriez les yeux sur celui que vous offre maintenant la république. Vingt-deux départemens livrés au gouvernçmeî^t ( ) militaire, le midi comprimé par les monstres qui ont incendié Bédouin, et qui composèrent Fin- quisition d’Orange ; les exclusifs promus aux places les plus importantes; le gouvernement trompé par ce sectaire adroit , qui,, toujours couvert d\in voile mystérieux, fut tour à tour le conseiller de Philippe et de Robespierre. : enfin , à la tête des autorités , les partisans du Grand- Maître des initiés, le duc d’Orléans (î) Que de réflexions font naître un pa.reil rappro- , chement ! * Ce n’étoit pas assez pour les initiés conspira- teurs de tromper,d’égarer , et quelquefois i^iême de maîtriser le gouvernement ; il falloit encore réaliser les rêves cochemariques de Marat, de Carier et de Joseph Lebon. Persuadés que Fau- dace effrenée du crime Femporte sur le courage de la vertu , comptant également sur l aveugle- ment du peuple , sur la pusillanimité des pro- priétaires , sur le crédit des députés exclus , sur Fappui des Montagnards , ils osent proclamer leurs principes désorganisateurs. Toulon, Péri- (i) Merlin , ci-devant président du conseil du duc d’Or- léans ; Leclerc , fils du cocher de son altesse jacobite, adju- dant général ; le marquis de Barbantane , commandant à Mar- seille ; le comte de la Touche , vice-amiral ; Comméras , défen- seur ©fficieux de Philippe , envoyé en Suisse , etc, eU. etc, eîç. ( 30 ) gueux, Limoges, Arras, Bourges Amiens, Dijon , Besançon, Arles, Tarascon, livrées à leurs par- tisans, secondent leur projet. On méprise d’abord leurs vociférations , mais bientôt leur plan est connu ; qu’il est vaste , atroce et digne d’eux ! Sylla , Marius , Octave, vous n’êtes que des bri- gands subalternes. Vos proscriptions quV l’uni- vers abhorre , n’étoient que le passage orageux de la liberté à un despotisme régulier; mais Ba- beuf, Amar , Antonelle, Vadier ont des concep- tions plus hardies. Le massacre , l’incendie , le ^ viol , la famine , la guerre civile , la peste , le pillage , rien n’est oublié dans leur complot anar- chique. Les horreurs des premiers jours de la ré- volution se retracent avec délice à leur imagina- tion^ ils promettent comme une faveur, cqmme une récompense le spectacle hideux et terrible de ces têtes défigurées , promenées sur des piques , de ces corps mutilés et traînés dans la fange. Le supplice des Berthiers , des Foulons , menace tous les hommes vertueux et leurs entrailles pal- pitantes doivent , comme celles de Witt, être pffertes pour alimens au peuple. Les modernes Catilina sont démasqués ; mais Tullus n’a point encore paru dans le sénat ; ils sont arrêtés : mais tel est le sentiment de leur force , de leurs res- sources, de leur puissance , qu’ils menacent dans C 51 ) leurs fers, et que du fond de leur prison ils pré- chent la révolte et le carnage. Quel sera Tissue de cet horrible complot f Je Favouerai, le nombre immense des coupables, qui ne sont pas connus , Ja sécurité apparente da Gouvernement , la lenteur du corps législatif. Fin- digence du peuple m’épouvantent ; un seul mo- ment de foiblesse peut tout perdre. Puissent mes sinistres pressentimens ne pas se réaliser ! puisse le peuple jouir paisiblement de sa constitution, ne plus permettre les proscriptions ! Puissent la paix générale et le calme intérieur mettre fin à la révolution , et ne coûter des larmes qu’aux enne- mis de la liberté !